mardi 30 juillet 2013

Une fille, qui danse


Un roman de Julian Barnes 

Tony, la soixantaine, a pris sa retraite. Il a connu une existence assez terne, un mariage qui l’a été aussi. Autrefois il a  beaucoup fréquenté Veronica, mais ils se sont éloignés l’un de l’autre. Apprenant un peu plus tard qu’elle sortait avec Adrian, le plus brillant de ses anciens condisciples de lycée et de fac, la colère et la déception lui ont fait écrire une lettre épouvantable aux deux amoureux. Peu après, il apprendra le suicide d’Adrian. 
Pourquoi Adrian s’est-il tué? Quarante ans plus tard, le passé va ressurgir, des souvenirs soigneusement occultés remonter à la surface — Veronica dansant un soir pour Tony, un week-end dérangeant chez ses parents à elle... Et puis soudain, la lettre d’un notaire, un testament difficile à comprendre et, finalement, la terrible vérité, qui bouleversera Tony comme chacun des lecteurs d’ Une fille, qui danse


Une fille, qui danse est le dix-neuvième livre de Julian Barnes. Ce roman a été acclamé par la critique et lui a permis de gagner le Man Booker Prize en 2011. 

Julian Barnes sait écrire des phrases qui marquent, des phrases que l’on a envie de noter, de surligner, de répéter. Le propos de ce roman tourne autour de la mémoire et des souvenirs, et du constat que l’on fait de notre vie, lorsqu’on vieillit. Ce n’est pas un sujet qui m’a particulièrement touché, je dois le reconnaître, bien que l’auteur ait su traiter du sujet de façon efficace. 

Tout de même, j’ai eu l’impression que l’histoire n’était qu’un prétexte pour aborder un tel sujet, que Tony, le personnage principal n’était que l’outil permettant à l’auteur de verbaliser son point de vue, et ce, de façon trop peu subtil à mon avis. 

D’ailleurs bien que ce livre se lise rapidement, vu son petit nombre de pages, il m’a paru être inégal. La première partie, où Tony nous raconte la période-clé de l’histoire est plus légère et plus intéressante que la deuxième partie, lorsque Tony est un retraité moyen, qui regarde sa vie, somme toute moyenne: «moyen dans la vie; moyen face à la vérité; moralement moyen. La première réaction de Veronica et me revoyant avait été de remarquer que j’avais perdu mes cheveux.» (p.132) 

Le bouleversement de cette existence moyenne — l’héritage qu’il reçoit de la mère de Véronica, sa petite amie de l’époque de l’université — l’oblige à regarder en arrière, à revoir ses souvenirs peut-être d’une façon différente que celles qu’il avait toujours cru être la bonne. Ce qui mène à la reprise de contact avec Veronica et à de nombreux questionnements sur le suicide d’Adrian son ami d’antan et sur son existence en général. Véronica en vient à lui dire : « tu n’as jamais pigé, et tu ne pigeras jamais.» Et je dois reconnaître que je n’ai pas tout à fait pigé moi non plus. Je n’ai pas tout à fait compris pourquoi l’ancienne belle-mère lui lègue un héritage, ni les vraies raisons du suicide d’Adrian, ni même le dénouement final. Je me demande si comme Tony « je ne pige rien » puisqu’aucune critique ne semble soulever cette zone d’ombre dans l’histoire... 

« J’avais beau essayer — ce qui n’était certes pas très difficile — de le faire, j’en venais rarement à imaginer une vie très différente de celle qui a été la mienne. Je ne pense pas que ce soit de la complaisance; c’est plus probablement un manque d’imagination, ou d’ambition, ou quelque chose comme ça. Je suppose que la vérité est que je ne suis pas assez excentrique pour avoir fait autre chose que ce que j’ai fait de ma vie. » (p.90)

En somme, pour le regard philosophique que pose l’auteur sur la mémoire et le vieillissement, c’est une lecture intéressante, même si l’histoire comporte selon moi certaines faiblesses. D'ailleurs, si vous l’avez lu et avez « pigé » éclairez-moi dans les commentaires, merci! 

Julian Barnes, Une fille, qui danse. Mercure de France, Paris, 2011, 193 pages.

3 commentaires:

  1. Bon aller, voilà un auteur que je suis incapable de lire. Encore. Mais! J'ai ADORÉ (et le mot est faible), "Arthur et George" qui raconte une histoire ayant rapport à Arthur Conan Doyle. Un coup de coeur même. Mais ses autres romans...

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  2. Bof... moi celui-ci je l'ai lu parce que le resumé avait piqué ma curiosité et le fait qu'il ait gagné le Man Booker Price aussi mais, bien que j'ai apprécié son écriture, sa mise en récit m'a laissé plutôt neutre et je ne crois pas relire du Barnes de si tôt.

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  3. Parlant de Conan Doyle, je vais bientôt recevoir le volume un de l'intégral des aventures de Sherlock Holmes en édition bilingue ! Outre à la télévision je n'ai jamais flirté avec Sherlock encore, j'ai bien hâte !

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