dimanche 4 août 2013

Le Premier Amour


Un roman de Véronique Olmi

Une femme prépare un dîner aux chandelles pour fêter son anniversaire de mariage. Elle descend dans sa cave pour y chercher une bouteille de vin, qu’elle trouve enveloppée dans un papier journal dont elle lit distraitement les petites annonces. Soudain, sa vie bascule: elle remonte les escaliers, éteint le four, prend sa voiture, quitte tout. En chacun d’entre nous repose peut-être, tapie sous l’apparente quiétude quotidienne, la possibilité d’être un jour requis par son premier amour. 

C’est un hasard si j’ai lu ce livre-ci tout de suite après celui de Julian Barnes. Mais le roman de Véronique Olmi se lit très bien en prolongement de Une fille, qui danse. Tandis que chez Julian Barnes le premier amour repousse avec amertume le personnage principal, chez Olmi, le premier amour rattrape Emilie, la narratrice, et lui fait tout abandonner sur un coup de tête. 

J’ai beaucoup aimé l’écriture de cette auteure française que je lisais ici pour la première fois. Elle sait choisir les mots pour créer des phrases tout en images et en sensations. Tout y est réfléchi et chaque élément s’insère dans une logique qui se justifie de page en page. 

«Après Lyon, j’ai roulé lentement, le bras à la fenêtre, dans la campagne floue de ce jour de juin (...) Quelque chose venait de cette terre qui m’était connue et qui m’appartenait, un peu comme un foulard pris dans les branches, que l’on ne parvient pas à atteindre et qui se balance au vent, un signe de nous-mêmes, personnel et perdu.» p. 58

J’ai aussi aimé son rapport à l’espace et au temps, où les souvenirs deviennent beaucoup plus nostalgiques et rêveurs que chez Barnes. 

Et que dire de cet extrait où une mère énumère tout ce qu’elle voudrait dire à ses filles sans jamais oser leur dire: 

«Je voudrais parler à mes filles, Zoé et Pauline, et  Jeanne aussi, qui vit à Londres. Je voudrais les tenir dans mes bras et qu’elles comprennent que j’ai le savoir d’elles-mêmes et que les hommes qui les aiment mal sont des passants à éviter. Je voudrais leur dire qu’elles ont droit au meilleur, elles méritent ce qui coupe le souffle, ce qui est une folie. Je voudrais leur dire qu’elles sont la plus belle part dieux, la promesse des hommes, et qu’elles croient les mots des mères qui élisent leurs enfants comme d’exceptionnels prodiges.» p.82 

Bien sûr, mon côté pragmatique me fait douter du réalisme de cette histoire. Vraiment, tout quitter pour courir vers le coup de foudre que l’on a eu à 15 ans, qui a duré le temps d’un été ? Peut-être que je ne suis pas assez fleur bleue... Mais bon, ça fait une belle histoire, alors pourquoi pas ! 

Véronique Olmi, Le Premier Amour, Grasset, 2010, 299 pages. 
aussi chez Le livre de poche, 2011. 

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