mercredi 15 mai 2013

Rien ne s'oppose à la nuit

Un livre de Delphine de Vigan 

Je viens tout juste de terminer Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de Vigan. Pressentie au prix Goncourt pour un précédent roman, il s’agit ici de son sixième livre. C’est une histoire très intime que nous offre De Vigan puisque ce livre constitue en quelque sorte la biographie de sa mère, Lucille, dont la beauté sera obscurcie par la maladie mentale. 

Delphine de Vigan nous présente sa mère, d’abord jeune, belle, si différente du reste de la fratrie. Puis adulte en mère de famille absente. Et encore malade, devenue «une toute petite chose friable, recollée, rafistolée, irréparable en vérité.» (p.289)

Dès les premières pages, on y découvre une Lucille, petite fille, vivant au coeur d’une famille qui semble saine. Mais rapidement, l’atmosphère s’alourdit puis le récit devient rythmé par les drames familiaux puis par les rechutes de Lucille, devenue adulte et bipolaire.

Alors qu’on croyait avoir affaire à une saga familiale, l’action se resserre, se recentre autour de Lucille et de sa fille, narratrice du roman. Cette narration sera d’ailleurs entrecoupée de confidences quant aux difficultés que connait l’auteur lors de la rédaction du livre. On y lit alors toute l’impuissance que ressent De Vigan face à la maladie de sa mère, mais aussi les difficultés que supposent l’écriture d’un livre aussi personnel: «il y a une douleur à se replonger dans ces souvenirs, à faire resurgir ce qui s’est dilué, effacé, ce qui a été recouvert.» (p.349)

Ce roman raconte l’amour et la dualité d’un enfant vivant avec un parent malade, un enfant à la fois fort de l’amour de sa mère, mais fragile «d’avoir appris trop tôt que la vie pouvait basculer sans préavis, et que rien autour ne serait tout à fait stable.» (p.363)

La biographie d’une femme inconnue aux prises avec la maladie mentale ce n’est peut-être pas super vendeur quand on y pense... D’autant plus que le roman débute avec la découverte du cadavre de la mère morte depuis quelques jours. Ce n’est effectivement pas une lecture facile, ni joyeuse. Mais c’est une lecture qui ne laisse pas indifférent et qui porte à réfléchir sur nos propres drames familiaux. 

Bref, j’ai aimé, et je l’ajoute à ma liste !


Delphine de Vigan. Rien ne s'oppose à la nuit, Paris, JC Lattès, 2011, 437 pages.

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