mercredi 30 octobre 2013

Le sel de la terre: Confessions d'un enfant de la classe moyenne

Un essai de Samuel Archibald


La classe moyenne est instrumentalisée par les politiciens et les commentateurs médiatiques, qui la dépeignent tantôt comme une immense cohorte de pauvres en devenir, tantôt comme une communauté martyrisée de contribuables parasités par l'État. Des pro­phètes de malheur annoncent même sa disparition. Enfant de la classe moyenne, Samuel Archibald a eu envie de se pen­cher sur ce qu'elle a été, ce qu'elle est devenue et ce qui l'attend. Et de parler de sa famille, des années 1980, de la religion du Publisac, de films de fin du monde et de stationnements de centres d'achats. 


Samuel Archibald, c'est cet écrivain, prof à l'UQAM, qui a charmé presque tout le monde avec son recueil de nouvelles Arvida paru en 2011 aux éditions Le Quartanier (récipiendaire du prix des libraires 2012 et du prix Coup de coeur Renaud-Bray). Il livre ici un essai dans lequel il s'interroge sur la classe moyenne au Québec. 

Ce que j'avais aimé d'Arvida, c'est l'univers ultraréaliste de Samuel Archibald ainsi que sa façon très personnelle de nous raconter ses histoires. Toutefois, j'avais trouvé que le corps de ses histoires manquait de tonus, et que la plupart des nouvelles tombaient à plat. Dans Le sel de la terre, je retrouve toute l'intelligence de l'auteur, sa façon de raconter qui me donne vraiment l'impression de lire un ami, un gars de ma génération. D'ailleurs, cet essai me fait un peu penser au style des articles de Urbania, mordant, mais terre-à-terre, dans lesquels on n'utilise pas nécessairement le joual, mais où l'on se permet un "criss" si c'est nécessaire (et Dieu sait que parfois, ce l'est !). 

"La classe moyenne est définie par ceux qui s'identifient à elle, la courtisent, la commentent. Elle se caractérise ainsi surtout en fonction d'un double rapport : au pouvoir (qu'elle ne désire pas réellement, mais par lequel elle se sent flouée) et  l'argent (dont elle dispose de façon mesurée: "Ni riche ni pauvre", telle est sa devise). Que tout le monde et son beau-frère se réclament de la classe moyenne témoigne du caractère excessivement souple de la notion, mais aussi de sa force identitaire." (p.24)

Il présente donc dans cet essai sa vision de la classe moyenne québécoise, son origine, son rapport à l'argent, sa personnalité, mais aussi son endettement et son individualisme. Le contenu est allégé par les "confessions" d'Archibald, qui sont en fait ses souvenirs d'enfance, et qui illustrent de façon relativement pertinente son propos. Nous n'avons pas affaire ici à un ouvrage scientifique rempli de chiffre et de statistique, mais bien à un livre d'opinion, léger, mais intelligent et surtout fort bien écrit. 

À découvrir ! 

Samuel Archibald, Le sel de la terre, Atelier 10, 2013, 75 pages. 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire