samedi 19 octobre 2013

Yellow birds

Un roman de Kevin Powers

Bartle, 21 ans, est soldat en Irak, à Al Tafar. Depuis l'entraînement, lui et Murph, 18 ans, sont inséparables. Bartle a fait la promesse de le ramener vivant au pays. Une promesse qu'il ne pourra pas tenir... Mrurphy mourra sous ses yeux et hantera ses rêves de soldat et, plus tard, de vétéran. 
Yellow birds nous plonge au coeur des batailles où se déroule la vie du régiment conduit par le sergent Sterling. On découvre alors les dangers auxquels les soldats sont exposés quotidiennement. Et le retour impossible à la vie civile. 
Kevin Powers livre un roman fascinant sur l'absurdité de la guerre, avec une force aussi réaliste que poétique. 

J'avais déjà entendu parler de Yellow Birds plusieurs mois avant sa sortie au Québec. On le décrivait comme étant un grand roman américain, dont l'écriture rappelait à quelques égards celle de Hemingway. Ça avait piqué ma curiosité, mais lorsque j'ai compris que c'était un roman sur la guerre en Irak, j'ai eu un mouvement de recul. Veut-on vraiment lire un roman américain sur la guerre ? Une histoire qui glorifie la grande nation américaine, et qui vante la bravoure et l'héroïsme de ces soldats, très peu pour moi. J'ai finalement laissé mes préjugés de côté et j'ai lu Yellow birds. 

L'écriture est sans aucun doute l'un des points forts du récit. L'auteur combine la richesse de sa plume à sa connaissance accrue du sujet, ayant lui-même combattu à Al Tafar en 2004 et 2005. Il soutient que le roman n'est pas autobiographique, mais que son expérience a plutôt permis d'enrichir l'histoire de sensations réelles. Quant à la traduction française, elle comporte selon moi certaines faiblesses puisqu'un "fuck man" perd beaucoup de son intensité en étant traduit par "putain mecton".  


"J'étais devenu une espèce d'infirme. Ils étaient mes amis, n'est-ce pas ? Pourquoi ne pouvais-je tout simplement pas nager à leur rencontre ? Qu'est-ce que je leur dirais ? "Hé, comment ça va ?" s'exclameraient-ils en me voyant. Et je répondrais, "J'ai l'impression que quelque chose me bouffe de l'intérieur et je ne peux rien dire à personne parce que tout le monde est si reconnaissant envers moi; je me sentirais trop ingrat si je me plaignais de quoi que ce soit." Ou un truc du genre, "Je ne mérite la gratitude de personne, et en vérité les gens devraient me détester à cause de ce que j'ai fait, mais tout le monde m'adore et ça me rend fou."(p.160)


Avec cette lecture, on ne se questionne pas tant sur le conflit que sur les sentiments des soldats qui y prennent part. Loin de chercher à nous faire accepter la guerre, l'auteur en fait plutôt ressortir l'absurdité et la froideur. Ce n'est pas une lecture facile; Powers ne ménage pas ses lecteurs, sans pour autant être vulgaire. Yellow Birds décrit aussi le difficile retour à la réalité des vétérans, qui semble encore plus bouleversant que la guerre elle-même. 

Yellow birds est un très beau texte, riche en émotions. À lire pour comprendre la réalité - presque intemporelle - des soldats.    

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