lundi 19 août 2013

Les vestiges du jour

Un roman de Kazuo Ishiguro

Stevens a passé sa vie à servir les autres, majordome pendant les années 1930 de l'influent Lord Darlington puis d'un riche Américain. Les temps ont changé et il n'est plus certain de satisfaire son employeur. Jusqu'à ce qu'il parte en voyage vers Miss Kenton, l'ancienne gouvernante qu'il aurait pu aimer, et songe face à la campagne anglaise au sens de la loyauté et de ses choix passés...

Dire que j'ai failli abandonné ce roman après quelques chapitres... Quelle erreur j'aurais fait ! Je serais passé à côté d'une grande histoire, dont la force repose à la fois sur la justesse de l'écriture et sur la puissance des non-dits, et si parfaitement écrite qu'on croirait lire les mémoires authentiques d'un majordome anglais. Difficile de croire que ce livre a été écrit dans les années 1980 !

Stevens, majordome dans une grande maison anglaise nous fait part de ses réflexions sur son travail qui, jusqu'à ce jour, a représenté toute sa vie. Le voyage qu'il entreprend en voiture est l'une des rares occasions qu'il aura eu de quitter les murs du domaine où il est employé. Le but du voyage; retrouvé Miss Keaton, ancienne collègue de travail. Nous apprendrons - entre les lignes toujours - qu'ils ont jadis été amoureux. 

Stevens est certes un grand majordome, lui qui a toujours mis son travail de l'avant avec "dignité". C'est une histoire de loyauté, de sentiments refoulés; "Stevens vous allez bien ? - Oui monsieur. Parfaitement bien.  - Vous avez l'air de pleurer." Jamais, dans son récit, Stevens ne mentionnera la présence d'une quelconque émotions, autre que la fierté du travail bien accompli, et c'est à demi-mots que l'on comprend que le destin de Stevens aurait pu être totalement différent... 

"Mais si un majordome espère arriver à avoir un quelconque mérite au cours de sa vie, il faut bien qu'arrive un moment où il met fin à sa quête; un moment où il se dit : "Cet employeur incarne tout ce que je trouve noble et admirable. Dorénavant, je me consacrerai à son service." Cela, c'est de la loyauté jugé intelligemment. Où est l'absence de "dignité" dans cette attitude ?" (p.280)

C'est donc une histoire empreinte de tristesse et de refoulement rédigé dans un style impeccable que je vous invite à découvrir !

Kazuo Ishiguro, Les vestiges du jour, Gallimard, 1989. 
Aussi chez Folio.


2 commentaires:

  1. On m'a TELLEMENT conseillé cette histoire souvent en me disant "tu vas adorer ce roman" que quand je l'ai ouvert, j'ai été déçue et je ne l'ai jamais terminé. Je ne sais pas encore si je lui redonnerai une chance un jour... J'ai pourtant beaucoup aimé "Auprès de moi toujours" du même auteur.

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    1. Je crois que celui-ci est vraiment différent des autres romans de l'auteur, je sais que "Auprès de moi toujours" penchait un peu plus vers la science-fiction. Moi aussi en commencant les "Vestiges du jour" j'ai eu BEAUCOUP de difficulté à embarquer, je pensais même le lâché, finalement comme c'est une amie qui a vraiment les mêmes goûts de lecture que moi qui me l'avait conseillé, j'ai décidé de poursuivre la lecture, et finalement je ne le regrette pas du tout. Passé le cap des cent pages l'histoire devient captivante.

      Tu me le diras lorsque tu décideras de lui donner sa chance ! ;)

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