lundi 19 août 2013

Certaines n'avaient jamais vu la mer

Un roman de Julie Otsuka

Les visages, les voix, les images, les vies que l'auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis un homme qu'elles n'ont pas choisi. C'est après une éprouvante traversée de l'océan Pacifique qu'elles rencontrent pour la première fois celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir. À la façon d'un choeur antique, leurs voix se lèvent et racontent leur misérable vie d'exilées. 

Certaines n'avaient jamais vu la mer, paru en 2012 a été reçu chaleureusement par la critique lors de sa sortie. Cet accueil est justifié. En quelques 140 pages, l'auteure nous transporte littéralement dans cette communauté de Japonaises qui traversent l'océan pour rejoindre un mari inconnu, aux États-Unis, afin de vivre leur propre american dream. 

"Certaines descendaient des montagnes et n'avaient jamais vu la mer, sauf en image, certaines  étaient filles de pêcheur et elles avaient toujours vécu sur le rivage. Parfois l'océan nous avait pris un frère, un père, un fiancé, parfois une personne que nous aimions s'était jetée à l'eau par un triste matin pour nager vers le large, et il était temps pour nous, à présent, de partir à nous tour." (p.11)

Écrit au "nous", le choeur formé de toutes ses voix de femmes nous transmet la douleur des rêves brisées, la peur de l'inconnu et les regrets, mais aussi les beautés de la maternité, puis l'incompréhension face aux enfants qui s'enracinent si facilement dans une société qui est encore méconnue pour leur parent. Puis à nouveau l'exil, lorsque les Japonais seront perçu comme des traitres durant la deuxième guerre mondiale, même s'ils sont au États-Unis depuis plus de 25 ans. 

Roman beau et parfois déchirant. À lire pour mieux comprendre ce qu'est l'exil.

Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka, Phébus, 2012, 139 pages. 


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