lundi 29 juillet 2013

Le maître des illusions


Un roman de Donna Tartt

Il s’agit des confessions, des années plus tard, d’un jeune étudiant d’une petite université du Vermont ayant enfin accédé à cette vie intellectuelle privilégiée tant convoitée. Introduit dans le cercle très fermé de cinq étudiants sûrs d’eux-mêmes et du monde, choisi par un professeur charismatique de lettres classiques, Richard Papen s’initie avec eux aux mystères de la culture grecque ancienne et passe en leur compagnie de longs week-ends à lire, faire du bateau et jouir des journées ensoleillées de l’été indien. Magnétisé par ses nouveaux compagnons, Richard n’a pas connaissance du crime qu’ils ont commis au cours d’une bacchanale. Mais une fois mis dans la confidence, il s’incline devant l’inéluctable nécessité d’assassiner leur camarade de classe et ami qui pourrait trahir leur secret et compromettre leur avenir. 

J’ai lu Le maître des illusions à la demande d’une amie qui voulait connaître mon avis sur ce roman. Paru en version originale anglaise en 1992, ce premier livre de l’auteur Donna Tartt parait en français en 1993. Il fait rapidement sensation et rafle la première édition du prix des libraires du Québec, entre autres. 

Puisque j’étais persuadé d’avoir vu le (mauvais) film tiré du roman, je n’avais jamais eu envie de le lire. En vérité, bien que le récit me rappelle vaguement un film, et qu’il existe bel et bien un long métrage ainsi nommé, le roman de Donna Tartt n’a jamais été porté à l’écran. 

Bref, entre deux lectures la curiosité a eu raison de moi, et je me suis lancé dans ce roman de plus de 700 pages. J’ai rapidement été captivé par l’histoire, qui est fort efficace. Ce roman présente de nombreuses qualités qui m’ont tenu en haleine dès les premières pages. Cependant, le rythme - et l’intérêt - s’essouffle et les 200 dernières m’ont semblé pénibles comparées au reste du roman. L’intrigue également, si forte au départ, devient secondaire et j’en suis venu à me demander où l’auteur voulait m’amener. 

«Affront d’ordre religieux, crises de colère, insultes, chantage, extorsion — désagréments, irritations, tout cela semblerait trop subalterne pour pousser au meurtre cinq personnes raisonnables. Mais, si j'ose dire, ce n'est qu'après avoir aidé à tuer un homme que j'ai compris à quel point un acte tel qu'un meurtre peut être complexe, insaisissable, ne relevant pas nécessairement d'un seul et unique mobile.» (p.296)

Dans l’ensemble, j’ai trouvé la plupart des personnages intéressants, bien que Richard, le narrateur, m’ait semblé être la personne la plus insipide de tout le roman, simple spectateur, presque incapable de formuler autre chose que : « que veux-tu dire?». C’est à se demander comment  il a réussi à intéresser des gens aussi mystérieux et charismatiques que ses amis. En outre, ce groupe de six étudiants dans la jeune vingtaine s’intéressant aux langues anciennes m’a paru un peu irréel. Peut-on être tout à la fois érudits et savants, alcooliques et riches, charmeurs et égoïstes quand on a seulement 20 ans ? 

Mais j’ai particulièrement apprécié l’environnement dans lequel nous plonge l’auteur; un campus de Nouvelle-Angleterre, une fraternité de jeunes gens cools et intelligents qui discutent en grec ancien, et les descriptions si efficaces qu’on a l’impression d’y être: « La file des gens s’étirait jusqu’aux voitures, robes gonflées, chapeaux maintenus sur la tête. Devant moi, un peu plus loin, Camilla s’efforçait, sur la pointe des pieds, de rabaisser son parapluie qui l’entraînait à petits pas glissants — une Mary Poppins en robe de deuil. »(p.529)

En somme, j’ai rapidement adoré le roman, jusqu’à ce que je comprenne que l’intrigue allait me décevoir. Je suis resté sur ma faim, mais j’ai quand même beaucoup aimé l’atmosphère, les personnages, et le récit en général. 

Donna Tartt, Le maître des illusions, Plon, 1993, 705 pages. 
Aussi chez Pocket en format poche, 2002, 2012. 

2 commentaires:

  1. J'ai adoré ce roman. Il demeure l'un de mes plus fort souvenir de lecture. Je n'ai même jamais osé le relire (alors que je l'ai à la maison et que souvent, j'en ai envie) de peur d'être déçue.

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  2. Je comprend comment il a pu te fasciner, les personnages, le rythme, l'univers, tout est envoutant dans ce roman ! Bien que la fin m'ait un peu déçue j'en garde un bon souvenir tout de même !

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