samedi 31 janvier 2015

Trois livres pour aimer l'hiver

Ce matin, en sortant de chez moi, j'ai été surprise par la beauté de l'hiver. Je dois préciser que c'est un fait quasi-exceptionnel, puisque l'hiver je le subis plus que je ne le vis. Je le trouve un peu cute quand, par la fenêtre de mon salon, je regarde tomber les flocons de neige un 23 décembre. Au-delà de ça, j'attends qu'il finisse, pour enfin arriver à l'été (et me plaindre de la chaleur).

Bref, que s'est-il passé chez moi pour que je remarque soudainement les charmes de l'hiver ce matin ? J'ai lu. Oui, j'ai lu, et mes lectures m'ont amené à être attentive au son de la neige qui craque sous mes pieds et au rayon de soleil qui me réchauffe une joue tandis que l'autre est sur le point de fendre tellement elle est gelée.

J'ai donc eu envie de partager avec vous trois lectures qui m'ont permis de devenir sensible à notre climat et à sa beauté.

Dans les forêts de Siberie
Sylvain Tesson, Folio

Je parle souvent de ce livre à mes proches. Ils doivent en avoir assez de m'entendre leur dire à quel point il est magnifique. Mais si je le répète, c'est dans l'intérêt de tous, puisqu'il s'agit d'une lecture vraiment marquante. Tesson quitte la ville pour aller passer six mois en ermite dans une cabane construite sur la rive du lac Baïkal. Il y décrit la solitude, l'hiver et la nature qui l'entoure avec une maîtrise de la langue que l'on envie pages après pages.

"Il fait bon aujourd'hui: -18°. J'abats vingt kilomètres sur le tapis. La glace comme la lave sont des éléments magiques. Tous deux ont subi l'influence métamorphique d'un autre élément. La froidure de l'air a figé l'eau pour faire de la glace. La chaleur du feu a fluidifié la roche pour faire la lave. Toutes deux se transformeront à nouveau quand le réchauffement de l'eau pétrifiera la lave. Marcher sur une étendue gelée n'est pas un acte anodin. Les pas frappent la surface d'un plan en devenir. La glace est l'une des œuvres alchimiques de notre monde." p.104


L'exception
Audur Ava Olafsdottir, Zulma

Voici une auteure que j'aime beaucoup. Son écriture est légère, ses histoires sont un baume pour le coeur, mais je crois que la raison principale de mon estime pour elle est qu'elle parvient à accorder une grande place au pays qu'elle habite et à son climat si particulier, ils deviennent presque des personnages à part entière de ses romans. Audur Ava Olafsdottir est Islandaise, et l'Islande est un pays fantastique (je parle un peu à travers mon chapeau puisque je n'y suis jamais allé !). L'exception se déroule en plein hiver arctique, alors que le pays est plongé dans l'obscurité près de 22 heures par jour. L'auteure nous parle de champs de lave couverts de neige et de nuit sans fin. Un roman à haut potentiel de dépaysement. Et puis on se dit qu'on n'est pas si mal, au moins nous on a droit à plusieurs heures d'ensoleillement quotidiennes ! 

"Je traverse trois villages illuminés, passe devant le parc d'un concessionnaire de voitures, une grue ornée de guirlandes lumineuses, un supermarché au bord de la route, et puis c'est le sombre champ de lave et la présence invisible de l'océan tout près. J'approche de ma destination lorsqu'une aube rose se devine enfin à travers le brouillard neigeux.
Juste au moment de bifurquer, le soleil arctique monte à la surface de l'île, orange sanguine roulant par-dessus le champ de lave. Trois chevaux hirsutes se tiennent immobiles près de la barrière quand le sors l'ouvrir. Je m'arrête là où les ornières prennent fin, là où la route s'achève. On distingue le chalet; au-delà, la rivière glaciaire, grise de limons, bruisse. Tout se fond dans la blancheur." p.100-101.
Une part de ciel 
Claudie Gallay, Babel

Claudie Gallay est une écrivaine française qui maîtrise l'art du détail. Ses romans nous entraînent dans un univers enveloppant, ou les petits gestes, les pensées et les soupirs ont une place qui leur est propre. Dans Une part de ciel, l'auteure nous emporte dans le massif de la Vanoise, ou l'on s'apprête à fêter Noël. L'hiver est là, le froid entre par les fenêtres et le vent souffle. Il faut lire les romans de Gallay pour sa sensibilité et pour la place qu'elle accorde aux habitants des petits villages, qui font preuve d'une humanité que l'on envie parfois. 

"J'ai pris la voiture d'Emma et j'ai roulé jusqu'au grand lac. Je me suis garée au bord de la route et j'ai continué à pied. La neige se tassait sous mes semelles. Marcher me faisait du bien. Je reprenais des forces et des couleurs. Il me semblait que le bruit de la neige sous mes semelles était le seul bruit existant et que je marchais avec lui. Que je l'accompagnais. 
Je suis arrivée au lac. Le soleil brillait fort, il me brûlait les joues. Tout était étincelant. L'été, ce lac d'altitude prend la couleur du lait, on peut louer des barques et pêcher des carpes Amour. 
L'hiver, il gèle. (...) Le vent qui soufflait faisant chanter la glace. J'ai osé quelques pas sur le lac. J'ai balayé la neige avec mes gants. C'était sombre dessous, un froid d'iceberg, des milliards de bulles remontaient de cette nuit liquide." p.299-300

Crédits photos: leslibraires.ca (pour les couvertures de livres), Office de Tourisme de Pralognan-la-Vanoise (pour le village enneigé),Shkonst - Fotolia.com (pour le lac Baikal gelé). 

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