vendredi 6 décembre 2013

La maison des absents

Un roman de Tana French 

Broken Harbour, un lotissement fantôme à quelques encablures de Dublin: pas tout à fait terminé, pas tout à fait habité, une espèce de chantier laissé à l'abandon. Deux enfants et leur père sont morts. La mère est en soins intensifs. Mike Kennedy se voit attribuer l'affaire parce qu'il est l'as de la brigade crminelle. Et de prime abord, ça ne fait pas un pli: Patrick Spain, victime de la crise, a poignardé ses enfants, tenté de supprimer sa femme Jenny puis retourné l'arme contre lui. Mais trop d'incohérences s'accumulent, et les preuves pointent dans deux directions. Le plus étrange, c'est que cette enquête censée se résoudre d'elle-même, rouvre chez sa soeur et lui une plaie ancienne: le drame survenu dans leur famille, un été, vingt ans plus tôt, au bord des falaises de Broken Harbour. 


La Maison des absents et le dernier livre de l'auteure de polar irlandaise Tana French. Dans ce quatrième roman elle dépeint une Irlande criante de réaliste, où la jeune génération voit ses rêves menacés par la récession. Le contexte nous est donc familier. L'intrigue l'est malheureusement tout autant. En effet, l'inspecteur Mike Kennedy doit résoudre un triple meurtre qui semble être un drame familiale. Deux enfants étouffés, le mari et la femme baignant dans leur sang dans leur maison de rêve située au coeur d'un nouveau développement immobilier qui a été partiellement abandonné en raison de la crise financière. Seul bémol, la maison est percée de trou, et des caméras vidéos sont installées un peu partout. 

L'histoire a tout pour nous intriguer. L'auteure est douée pour la narration, et son écriture est plaisante. Elle développe son histoire de façon intelligente et originale, sans tomber dans le surréalisme et le sensationnalisme. C'est un roman policier qui "se peut".  L'intrigue des caméras vidéos et du secret familiale est efficace et me rappelle certains thrillers psychologiques (Esprit d'hiver de Laura Kasischke ou Avant d'aller dormir de S.J. Watson.)


"Tu n'y vois que de la vanité. Détrompe-toi: ce n'est pas si simple. Nous ne traquons pas des voleurs à la tire, Richie. Les assassins sont du gros gibier. Le plus gros. Ils nous lancent un défi colossal. si nous nous pointons sur les lieux du crime dans une Toyota déglinguée, nous aurons l'air irrespectueux; comme si nous estimions que les victimes ne méritent pas mieux. Ça horripile les gens. C'est ainsi que tu veux commencer ?"(p.21)

Toutefois, j'ai trouvé que les périodes d'argumentation entre l'inspecteur et son coéquipier alourdissaient peu à peu le récit, tout comme l'histoire personnelle de Kennedy, prenant de plus en plus de place, pour finalement s'éterniser au-delà de la conclusion de l'enquête. J'ai été déçue par ces petits détails qui sont malheureusement parvenus à diminuer mon intérêt pour cette histoire qui, au départ, me tenait vraiment en haleine. 

Pas tout à fait un succès mais certainement pas un flop. À lire, pour les curieux. 

Tana French, La maison des absents, Calmann-Lévy, 2013, 508 pages. 




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