lundi 9 septembre 2013

Le goût des pépins de pomme

Un roman de Katharina Hagena

À la mort de Bertha, ses trois filles, Inga, Harriet et Christa, et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur maison de famille, à Bootshaven, dans le nord de l'Allemagne, pour la lecture du testament. À sa grande surprise, Iris hérite de la maison et doit décider en quelques jours de ce qu'elle va en faire. Bibliothécaire à Fribourg, elle n'envisage pas, dans un premier temps, de la conserver. Mais, à mesure qu'elle redécouvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin qui l'entoure, ses souvenirs se réveillent, reconstituant l'histoire émouvante, parfois rocambolesque, mais essentiellement tragique, de trois générations de femmes. 
Katharina Hagena nous livre ici un grand roman sur le thème du souvenir et de l'oubli. 

Quel joli roman que celui-ci ! Le titre est beau, la couverture est belle, l'écriture est travaillée, et l'histoire est toute en délicatesse. L'auteure de Le goût des pépins de pommeune spécialiste de l'oeuvre de James Joyce, enseigne la littérature à l'université de Dublin. Dans ce roman, l'on ressent tout son intérêt pour l'écriture et la littérature sans que cela ne vienne jamais alourdir le texte. 

"Il paraissait sans cesse pris de court, et du reste, il était court sous tous rapports, faisait non seulement commerce de ces menues marchandises qui s'appellent chez nous "marchandises courtes", mais était par ailleurs court de bras, de jambes, de nez, de cheveux, de tout, et courtes étaient aussi ses phrases, et court le fil de sa patience." (p.62)

C'est sur le thème des souvenirs et de l'oubli que se décline cette histoire de famille. L'action se déroule en Allemagne et pour faire changement, rien (ou si peu) ne nous rappelle le passé trouble de ce pays. Presque aucune allusion n'est faite à la guerre, au nazisme et à la séparation de l'Allemagne. Loin d'être du déni, je crois seulement que ça nous démontre que l'Allemagne n'est pas que cela. De toute façon, cette histoire pourrait se dérouler au Québec, ou en Inde, puisque les histoires de famille, le souvenir, la maladie, et les tragédies sont des thèmes universels. 

"Lorsqu'on perd la mémoire, le temps passe d'abord beaucoup trop vite, ensuite plus du tout. "Oh, il y a si longtemps de cela", disait ma grand-mère Bertha à propos de choses qui remontaient à une semaine, à trente ans ou à dix secondes. Elle soulignait cette remarque en balayant l'air d'une main dédaigneuse et avec une pointe de réprobation dans la voix. Elle était toujours sur ses gardes. Est-ce que par hasard on la testait ?"(p.84)

C'est la maladie d'Alzheimer dont souffrait la défunte grand-mère Bertha qui permet à l'auteure d'aborder le sujet de l'oubli. C'est également par le retour dans la maison de son enfance que la narratrice de l'histoire sera amenée à retomber dans ses souvenirs, à faire le jour sur certains mystères, mais également à laisser des questions en suspens. 

Une belle histoire, douce sans être trop sentimentale. À lire !

Katharina Hagena, Le goût des pépins de pomme, éditions Anne Carrière, 2010, 268 pages. 

3 commentaires:

  1. C'était un coup de cœur pour moi ce livre! Je l'avais adoré! Une belle histoire et une écriture délicate. Je le conseille aussi! :)

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    1. Je suis contente de savoir que mon avis est partagé ! Je ne sais pas si l'auteure travail sur un prochain roman, mais si c'est le cas, je l'attend !

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    2. Elle a aussi écrit "L'envol du héron" paru il y a à peu près un mois en français. Je ne l'ai pas lu encore cependant.

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